Crystal Maze XII

On a télévisualisé un rêve

Palais des Arts ISDAT

  • Toulouse
  • 21.09.2018 au 21.10.2018

On a télévisualisé un rêve est une proposition de l’agence du doute avec Camille Platevoet et Maxime Delavet, pour l’exposition « France Électronique », curatée par Jill Gasparina dans le cadre du Printemps de Septembre à Toulouse.

« Envoyez-nous vos rêves, nous les filmerons », tel était à l’origine le principe de l’émission « La Clé des songes », imaginée au début des années 1950, par Chris Marker, Charles Serpinet et Jean Kerchbrion, avec à son montage Alain Resnais. C’est aujourd’hui cette même invitation que reprend à son compte l’agence du doute pour son « Crystal Maze XII ».

Le rêve du jour, c’est celui de Suzy, ou peut-être celui de Suzanne. Les personnages sont Denise Glaser et Jacques Antoine, Gérard Marinelli et le professeur Tournesol. C’est le rêve d’une speakerine ou d’un festaiolo des temps récents, à la mémoire riche d’une vaste culture technique des images et d’un tout aussi vaste imaginaire audiovisuel. Par collage et par condensation — comme souvent dans les rêves — s’y mêlent des génériques, des habillages graphiques et des documents témoins du patrimoine télévisuel. Ils composent un mystère d’images, d’objets et d’imprimés produits non plus à l’heure de l’O.R.T.F., mais à l’ère de la « France Électronique » : des images et des documents rêvés, puis rematérialisés dans une installation qui est aussi l’environnement de nos années de synthèse 👁

Le Crystal Maze XII, réalisé dans le cadre de l’exposition « France Électronique », articule une installation scénographique et une œuvre produite pour l’occasion. Elles mettent en relation une culture électronique et un imaginaire télévisuel où cohabitent, plus ou moins à proximité, diverses figures telles que les speakerines Suzy Wincker et Suzanne Bridoux, la présentatrice Denise Glaser, le concepteur de jeux télévisés Jacques Antoine (qui fut notamment le créateur-conseil du jeu « The Crystal Maze » pour la télévision britannique), le designer graphique Gérard Marinelli, le compositeur Pierre Schaeffer, les réalisateurs Chris Marker et Orson Welles, l’homme de radio et télévision Pierre Bellemare, ainsi que les Surréalistes et le professeur Tournesol.

Ces figures sont convoquées comme par un festaiolo. Dans les fêtes florentines de la Renaissance, ce dernier était l’organisateur des festivités et le meneur de jeu. Agent de transmission entre des situations, des objets, des images et des corps, le festaiolo endosse une fonction qui se retrouve en se transformant chez d’autres personnages, depuis l’admoniteur albertien jusqu’au scénographe, en passant par le bonimenteur des attractions foraines et des premiers temps du cinéma, ou encore la speakerine et l’animateur/l’animatrice TV.

Ce douzième Crystal Maze évoque un rêve télévisé, celui que pourrait faire notre festaiolo/speakerine à la mémoire riche d’une vaste culture technique des images et d’un tout aussi vaste imaginaire télévisuel. Au début des années 1950, Chris Marker avait créé avec Charles Serpinet, Jean Kerchbrion, et Alain Resnais au montage, une émission intitulée La Clé des songes. « Envoyez-nous vos rêves, nous les filmerons », en était le principe ; « On a télévisé un rêve », rapportait quant à lui le journaliste de Paris-Match André Lacaze.

Le rêve, nous l’entendons ici comme une fabrique artificielle d’images. En explorant les mécanismes de collage et de condensation du monde onirique, il s’agit de produire un mystère d’images et de documents à l’aide des outils graphiques de la « France Électronique ». S’y mêlent entre autres les génériques et les habillages graphiques d’émissions de télévision ainsi que des extraits de documents ou de produits dérivés faisant leur promotion.

Cette proposition regarde ainsi du côté d’une imagerie populaire développée dès les années 1960, au travers d’une épopée télévisuelle où domine une idée d’expérimentation. Celle-ci s’est d’abord déroulée au sein d’un organe politique assez rigide, l’O.R.T.F., puis dans un milieu davantage pluriel à partir de 1975 (TF1, A2, FR3), avec des émissions populaires s’autonomisant tout en étant souvent habillées d’une fonction : apprendre en s’amusant.

Notre recherche prend forme à travers un ensemble d’impressions, d’éditions et d’objets agencés dans les « Années synthèse », l’un des deux volets de l’exposition conçue par Jill Gasparina. Cet ensemble s’étend aux murs, au sol, et s’inscrit dans un dispositif mobilier dont le contenu pourra être perçu comme son point de départ ou d’arrivée, en tous cas comme la « clé » de sa compréhension. La forme de ce dispositif rappelle à la fois celle de la lucarne (nom familier de la télévision), celle du meuble télé domestique et celle du castelet. Ce dernier est un élément d’encadrement des théâtres de marionnettes, que l’on peut repérer — modernisé — dans nombre d’émissions télévisées où le décor ménage des fenêtres pour l’incrustation d’images en mouvement. 

Ce dispositif mobilier est conçu selon une trame structurelle et graphique que nous avons développée pour l’ensemble du volet « Années synthèse ». En effet, la lucarne/castelet prend place dans une installation plus vaste qui sert d’environnement aux productions audiovisuelles réunies par Jill Gasparina. Cette trame, cette grille selon laquelle a été conçu l’ensemble de l’installation scénographique, convoque visuellement, matériellement et structurellement le langage de ces productions ou de leurs outils et interfaces de conception.

Curateurs :

Scénographie :

Design :

Production :

  • Camille Platevoet
  • avec l’aide de Arnaud Daffos, Joanna Germavedon, Pierre Guillon, Olga Panella, Damien Vidal

Design graphique :

Remerciements :

  • Jill Gasparina
  • Arnaud Daffos
  • l’Isdat
  • Anne-Laure Belloc
  • Marième Diop
  • la régie de Vincent
  • Romain Boubée
  • Anthony Lille
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